Les valeureux participants :
Départ

8h40

Trailus (Cantal)

Distance 48.9 km

Cartes IGN: 2635 O, 2336 O, 2636 E.

Arrivé

17h35

Le Sauvage (Haute-Loire)

Dénivelé + 1365m
- 1120m
Vit moy  10 km/h Temps actif  4h52

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  • Récit
  • Yvan
  • Gérard
  • Philippe
  • Yvan

Description de l'étape

Départ de Trailus alti 1044m montée dans le foret « à la fraîche », un vrai plaisir, quelques passages en poussette, impeccable. Arrivée sur la ligne de crête à 1350m, une belle piste nous attend, nous « taillons la route » (surtout Gérard). Nous faisons un arrêt vers 1434m, au Travers de Clauzels (ravito graines). Juste un peu en dessous, une petite croix qui n’existe pas sur la carte au 25000ème , vers 1404m lieu-dit "Mardarie". Nous filons et passons au Col de la Donne (1357m). Piste roulante, sur relief en montagne russe, très douce, par là nous arrivons sur la D48. Ensuite à gauche, nous passons rapidement devant le Musée de La Résistance (comme si nous avions une moyenne à respecter, dommage…)

Nous montons vers le Mont Mouchet, vers 1397m nous nous faisons une faveur et nous traçons directement vers le sommet (1497m). Vue imprenable sur tout le Massif Central. Mais nous avons une visibilité réduite à cause des brumes de chaleur. Descente sur Auzenc, ensuite nous continuons sur Paulhac en Margeride à 1178m. Petit casse-croute sur la place du village. Apres la Vachellerie (1182m), petite erreur de parcours, nous tirons tous droit (car nous allons toujours trop vite aux bifurcations…). Après correction, notre sentier monte, il est assez caillouteux, nous poussons jusqu’à 1300 m. Nous remontons sur nos machines jusqu'à 1354m, là nous rencontrons la D48 que nous empruntons, à droite la piste très roulante nous amène au point côté à 1420m, tout près d’un sommet le Truc de la Garde (1486m). Descente très roulante sur le village de Chanleilles  (1119m). Peu après le Chazeaux près de « La Deveze » un chantier d’amélioration du réseau ERDF, nous fait chercher quelque peu notre itinéraire. Nous arrivons sur la D587 que nous suivons, ensuite à gauche en direction du Domaine du Sauvage (1292m).

Ravitaillement et hébergement

Le lieu isolé de tout est tranquille. Nos couchages sont aménagées dans un bâtiment, recouvert de lattes de bois, situé à l'arrière du corps de ferme où se trouve la salle de restaurant. Ici, on dispose de lits superposés. La salle d'eau est équipée d'une douche.(Dans ce bâtiment il existe aussi un espace équipé qui permet de cuisiner et de faire des lessives. mais nous n'avons pas opté pour cette formule). La salle de restaurant est vaste et un peu bruyante. Le service est assuré par le propriétaire des lieux. Le menu du jour gagnerait à offrir un plat de substitution pour remplacer l'inévitable truffade. Le petit déjeuner est correct.

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Jaume

J’ai la sensation que Jaume aime bien les montées au frais dans le petit matin, même s’il me pousse un peu, de toute façon on aime le vélo de montagne. Arrivés sur la crête de la Margeride, je sens bien que Jaume fait du repérage pour y revenir en hiver en ski de rando nordique, ça le « branche » bien de revenir . Je glousse, il va lui falloir trouver un compère, cela n’est pas gagné. Il s’arrête à la Croix de la Donne, mais pas seulement pour contempler. Je sais bien à quoi il pense, dans le Fenouillèdes où nous nous sommes entrainés, il m’a souvent parlé de son copain « Bastoch » décédé en ce début d’année, il aurait pu être des nôtres, car c’est bien avec lui qu’ils avaient rêvés de faire cette traversée en ski de fond dans les années 1975.
Jaume est peu ému car le père de Bastoch, était un républicain Espagnol qui avait combattu au Maquis du Mont Mouchet en 1944.  Donc en passant dans cette clairière où se situe le monument commémoratif, ses idées galopent dans sa tête, accompagnées d’un peu de nostalgie. Pour lui, cette étape était avant tout placée sous le signe du souvenir.
Philippe et Jaume roulaient de paire, leur troisième compagnon surement piqué par une mouche, roulait à vive allure. Il  ne virent au loin que le nuage de poussière que faisait sa machine supersonique. Nos deux pilotes savouraient le paysage, regardaient les fleurs, donnaient le bonjour à chaque groupe de vaches de race Aubrac, qui paissaient à l’ombre d’une lisière forestière.

Arrivés  à Chanaleilles nos trois cyclistes se retrouvent. Philippe interpelle Gérard :
- As –tu vu ces jolies Aubrac ?
- Aubrac, quoi ?
- Et  bien les vaches dans les prés.
- Non.
- Il y en avait beaucoup, elles étaient regroupées par gros paquets
- Ha ! Ben je n’en ai pas vue
Philippe les bras ballants, regarde Jaume qui sourit, celui-ci faisant un clin d’œil, lui glisse :
- C’est pas grave on est à 68 % de consommation de glucides et on roule en aérobie ! On ne peut pas tout faire.

A Chanaleilles, nos trois héros ont quand même réussi à se perdre dans le village . Si si, le premier attendait l’autre au coin du cimetière, le deuxième autre descendait pour voir par où ça passait. Le troisième autre prenait des photos, utilisant un autre passage et n’a pas vu le premier autre qui l’attends toujours à l’angle de la rue et se rue en direction du deuxième autre. Regroupez ils attendent et ils laissent le troisième autre végéter au cœur du village. Au bout d’un certain cet autre ci s’inquiète de ne pas voir les deux autres. Depuis leur passage, ce carrefour s’appelle «  Les Trois Autres ». Intéressant, mais sommes nous là devant la naissance d’un nouveau concept du type : « mais où est-ce qu’il se cache ». Nous verrons bien plus loin si ce dernier a pu mûrir.
A la sortie de la piste, juste après le chantier électrique, Philippe et Jaume renseignent une dame qui porte autour du cou une petite croix en bois. Elle veut savoir si le chemin existe encore car c’est par là qu’autrefois passait le Chemin de Saint Jacques.
Ce soir nous allons dormir dans un gite qui est à la jonction de plusieurs grands itinéraires de voyage. Le Sauvage, établissement historique géré aujourd’hui par un regroupement d’agricultrices et (teurs), une bien belle aventure. Jaume a mis sa polaire pour passer la soirée.

Gérard

Deux côtes fracturées lors d'une randonnée VTT en Bretagne ont mis notre ami Gérard "hors service". Nous lui souhaitons un prompt rétablissement.

Philippe

Belle journée en perspective si ce n’est que je traine quelques séquelles de l’étape d’hier. Mes courbatures aux cuisses m’ont fait opter pour un pantalon plutôt qu’un short. Les 300 mètres de dénivelé qui nous attendent, dès la sortie du gite, sont annonciateurs de peine et de sueur. La bonne nouvelle c’est que je n’ai pas à m’occuper des cartes. C’est Gérard qui s'en charge.

Effectivement, ça monte! On se retrouve vite, Jaume et moi, pieds à terre, à pousser sur nos guidons à travers une forêt de résineux en cours d’exploitation qui nous gratifie de zones boueuses et de résidus de branchages menaçant à tout instant de venir entraver nos rayons. Gérard, téméraire devant les défis et stoïque face à la difficulté, affronte seul les ornières « à la pédale ». On ne peut que saluer son courage.

On est bien, la fraîcheur matinale (14°C) nous donne la "pêche". Finalement les 300 mètres de dénivelé sont avalés lorsque nous arrivons sur un plateau qui oscille autour de 1300m d’altitude et sur lequel nous évoluons sans peine, avec en toile de fond des paysages étendus. Saint-Flour, au loin, n’est plus qu’un petit pâté sur le tableau. Sur ce haut plateau de la Margeride le vent frais et la sueur ne font pas bon ménage, je me couvre en attendant que le Soleil soit plus haut dans le ciel.

Nous atteignons sans peine le monument du mont Mouchet en empruntant, sur la dernière partie du tronçon, une route goudronnée. Pour moi qui ai une préférence marquée pour le vélo de route, c'est une aubaine et j’apprécie doublement ce répit octroyé à mon postérieur.

Le monument érigé à la mémoire des héros de la résistance nous rappelle qu’ici, en 1944, eurent lieu de violents affrontements entre maquisards et forces allemandes. Je profite des commentaires d’un accompagnateur de groupe pour en apprendre un peu plus sur cet épisode de notre histoire dont je n’avais retenu que le nom de Mont Mouchet. Le monument étant construit en bas du Mont en question, nous devons encore faire une ascension pour l’atteindre avant de rallier le point de rendez-vous du déjeuner.

Du Mont Mouchet à Paulhac en Margeride où nous attend Yvan pour le déjeuner, on profite d’une descente de plus de 5km, en ne donnant quasiment aucun coup de pédale, je me rappelle avoir été victime d’une espèce de "griserie des pentes" qui m’a fait crier de toutes mes forces à l’attention de Jaume: « Qui a dit que ça montait pour descendre à la mer ? ».

Je ne sais même pas s’il m’a entendu, mais arrivé au point de rendez-vous, il a escaladé un rocher en haut duquel dominait une vierge à l'enfant. J'ai eu l'impression qu'il se prenait à son tour pour une apparition. Avait-il été touché par la grâce divine? Le connaissant un peu, j'en doute. Dans ce cas, comme moi, il était victime de la griserie des pentes.

Le plus étonnant, c'est que Gérard d'ordinaire sérieux et davantage concentré sur son travail physique que sur le papillon qui croise notre route, semblait à son tour affecté par le même syndrome. J'ai fini par me demander s'il ne se prenait pas pour un cheval. En effet, chaque fois qu’il voyait un travail à ferrer, il ne pouvait s’empêcher de s’y positionner et d'y demeurer immobile un long moment. J'ai même envisagé qu'il regrettait la compagnie de son âne, avec lequel il nous a raconté avoir effectué tant de voyages extraordinaires. Dans ce cas, je ne vois pas trop comment faire pour parvenir à le consoler, si ce n'est qu'en nous mettant tous à braire, afin de révéler la part d'âne qui réside en chacun de nous et ainsi lui offrir un univers plus familier (A ce propos, je voulais préciser que l'âne qui chez nous est considéré comme un animal bête ou têtu, symbolise dans d'autres pays de toutes autres valeurs, ainsi il est l'emblème du parti républicain américain tandis que d'autres cultures le considèrent comme un animal courageux porteur de paix d'humilité et de patience).

Après une partie difficile à "la mode margeridienne" alternant chemin roulant et raidillons qui nous imposent de mettre pied à terre. La dernière partie du parcours vers le Sauvage nous gratifie d'un cadre apaisant au sein duquel les vaches Aubrac qui paissent tranquillement donnent au temps une autre dimension. Une multitude de pèlerins rejoignant Saint-Jacques de Compostelle ont foulés les pistes sur lesquelles nous évoluons. Nous croisons d'ailleurs une dame, à la recherche d'un passage bien précis, qui prépare sa route en voulant être certaine de marcher sur les pas des antiques pèlerins.

Arrivés au Sauvage, lieu qui ne peut laisser indifférent tant par sa situation isolée au milieu de nulle part que par sa masse imposante, nous avons, Jaume et moi, un fou rire mémorable, suite à une réflexion de Gérard qui nous dit à peu près en ces termes: " c'est bizarre nous venons de traverser l'Aubrac et je n'ai n'a pas vu une seule vache". En réalité nous venions de croiser une bonne dizaine de troupeaux de vache d'Aubrac, mais Gérard, concentré sur son "cardio", fonçant tête baissée, pédalant avec la régularité du métronome, dosant ses efforts avec la précision de l'horloge atomique et enregistrant une masse de données que seul un ordinateur peut exploiter, n'avait pas su voir la moindre vache ! Savait-il au moins qu'il effectuait la grande traversée du Massif Central ?

On finit quand même par arrêter de rire car il était déjà l'heure de passer à table. Tandis que je prenais quelques notes sur l'étape du jour, Gérard fit de grosses tâche de soupe sur sa chemise bleue et devant nos rires, il nous lança un " j'ai pas fini ma croissance" qui nous fit remarquer de toute la salle par le bruit que nous faisions. C'est à ce moment que nous fîmes la rencontre de Roy et Hellen qui allaient croiser notre chemin sur quelques étapes à venir, car comme nous, ces sympathiques Irlandais et Anglaise effectuaient leur GTMC. A l'issue du diner une des personne qui s'occupait des lieux nous retraça l'historique du Sauvage que je pris soin de noter sur mon carnet de route.

Au matin, après une nuit sereine, Yvan me fit remarquer la position des gants de Gérard, plantés sur la tête de son lit alors qu'il dormait encore à point fermé. Une fois de plus nous nous mimes à rire, mais sans aucune moquerie envers lui, simplement parce qu'au bout de ces quelques jours passés ensembles, les barrières s'étaient rompues et la franche camaraderie s'était installée.

Yvan

Journée voiture : je prends mon temps, Gérard à dit REPOS ! Je gare la voiture et je monte au Mont Mouchet à pied. Ha ! Les gars, en vélo, ça grimpe et en plus il y a un chantier forestier, de suite ça enjolive le vététiste.
Enfin j’arrive au sommet ; vue splendide, table d’orientation au top, gravée sur ardoise. C’est beau.
Je redescends et je croise une biche, je la poursuis comme un prédateur photographique. Retour à la voiture et à peine je démarre … je croise mes compagnons. Bon timing, ils sont affutés. A vrai dire je croyais qu’ils surgiraient un ¼ ou ½ heure après. Palabres. 
On se retrouve autour d’un bon déjeuner à l’Eglise. Ils reprennent leur route, moi je passe au Malzieu Ville pour boire un Gambetta Limonade, acheter des cartes postales avant de rejoindre l’étape du jour à Le Sauvage – c’est assez clair comme description, hé bien non ! C’est HYPE ! We speak english, Wir sprechen Deutsch, Habla espagnol, parlamo italiano, … Saint Jacques de Compostelle oblige. Et j’en passe et des meilleurs ! Nous notre contact via l’agent 007, c’est ROY (le Roi) and Helen (La Reine). Ces deux là, ils en valent dix ! Historiquement parlant, ce n’est pas étonnant qu’on ait perdu la guerre de Cent Ans (NDLR : 10 english = 1 Français). Enfin quoi, Le Sauvage, c’est aussi prisé que la cocaïne à L.A. ou que les bateaux à St. Tropez au mois d’Août, bandes d’ignares. Bon finalement vaut mieux que je pédale, je déraille moins !

La phrase du jour de Star Pilot : alors est-ce qu’on descend vers la mer ? (bis repetita placent)

La phrase du jour de Gigapixel : Ce porte-carte et cette carte, ils m’em… !