Les valeureux participants :
Départ

8h30

Allanche (Cantal)

Distance 61 km

Cartes IGN: 2535 O, 2535 E, 2635 O

Arrivé

17h40

Trailus (Cantal)

Dénivelé + 1165m
- 1105m
Vit moy (?) Temps actif (?)

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  • Récit
  • Yvan
  • Gérard
  • Philippe
  • Yvan

Description de l'étape

Départ à 985 m par la D679 sur les vélos Yvan, Philippe (c’est lui qui a les cartes, elles vont l’embêter toute la journée et une partie de la nuit) et Jaume. Gérard est dans la "camionnette".
Juste après Maillargues, nous prenons la D39, Philippe aux cartes (et Léon à l’accordéon …) Bifurque intéressante, nous allons pouvoir tester notre concept «El Grupetto». A cet endroit nous devons franchir la ligne de Velorail du Cézalllier. Hé paf ! Yvan démarre comme un fou. Philippe et Jaume restent derrière. Jaume à un doute et regarde la carte, c’est le bon azimut, mais cent mètres plus loin il y a une autre piste, même angle. Le temps de la lecture et de voir notre erreur, notre compère et déjà loin. Nos sifflets et nos cris n’y pourront rien. Donc la notion « on s’attend, on se regarde, on reste en visuel » a du mal à se mettre en place.
Nous roulons jusqu'à une bifurcation où nous retrouvons le goudron de la D23. Un panneau annonce un parcours d’orientation (sic?) (Alt 1133m) entre La Boissonniére et Chalinargues. Nous n’avons pas vu la trace GTMC. Après lecture de la carte nous optons pour prendre la route jusqu’à Chalinargues. Peu après Le Fressinet (1040m) nous arrivons en vue d’une belle vallée et d’une rupture de pente. Prairie en dévers, herbe humide, Jaume en roulant sur un tuyau en Plymouth qui alimente des abreuvoirs en contrebas, fait un chute. La roue avant a glissé sur le tuyau mouillé. Rien de grave.
Visite au sarcophage Mérovingien, ensuite 3ème  ratage d’orientation, on « encape »  la D23 (tiens encore elle) Nous traversons Neussargues (799 m), juste après la gare une montée très sèche (je ne veux pas dire humide) Départ 810m arrivée à Combe Robert vers 950m donc 140 m de dénivelle sur 1500m donc du 9,33% (avec des passage a 12 voir 15 %). J’aime beaucoup l’euphémisme du topo GTMC « montée physique ». Petite crevaison pour Philippe, réparée de main de maitre, nous voilà repartis sur un beau plateau jusqu’au rendez-vous repas près de Savignac (933m).
Reprise des vélos, on trace vers le magnifique château de Sailhant, que nous passons vite, car les grains et les orages tournent autour de nous, ou bien nous slalomons entre eux, nous ne trainons pas. À Andelat, la pluie nous effleure, mais nous filons sur les faubourgs de St Flour. Nous roulons sur la D 250 en direction de St George, à la Valette, nous ne prenons pas le tracer GTMC . Nous gravissons un bon « rampaillou ». Après St Georges (800m) nous allons en direction du Pirou, par une route, la D909, remplie de nombreuses voitures bien bruyantes.
(Après discussion avec un vététiste, il a une autre solution sans véhicule en passant par le hameau de St Michel cela monte pareillement mais sans de bruit de moteur) Petite montée, parcours varié dans le Bois de Beaulieu, pour arriver à Ruynes en Margeride où nous trouvons une petite pluie. A l’altitude 918m, près d’un centre équestre, nous avons deux itinéraires possible : une route ou la piste GTMC. Nous optons pour la piste, la vraie.
- « On n’est pas des blaireaux » nous rappela fort justement Yvan
Petit descente jusqu'à 900m, ensuite montée très sèche jusqu’à Trailus (1044m) (sans faire de calcul 144m sur 900m de distance soit du 16% hé oui !!) Et il y a de la poussette dans l’air, normal après cette étape de transition (je sais pas qui a dit cela, il mérite d’être connu le bougre).

Ravitaillement et hébergement

Très bon accueil dans cet hôtel restaurant "Relai des remparts".
Les chambres auxquelles ont peut accéder par un escalier ou un ascenseurs sont simples mais propres et disposent de salle de bain/WC très bien tenus. lorsque nous avons demandé au patron qui est aussi cuisinier, de remplacer la truffade du menu du jour par un autre plat, il n'y a eu aucun problème et nous avons eu droit à de l'onglet de boeuf de Salers cuisiné avec une sauce excellente. Le bar en terrasse situé à l'entrée du restaurant nous permet de voir l'animation du bourg. On a mis à notre disposition un local pour les VTT et un jet d'eau pour les nettoyer. Le petit déjeuné est copieux et bien achalandé.
Nous restons sur un très bonne impression.

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Jaume

J’ai pensé que cela monterait moins qu’hier. Jaume et ses deux acolytes avaient belle allure et bon moral dans ce doux matin. Et paf ! Premier vrai changement de direction, je sens un malaise, Yvan a pris le mauvais chemin et comme il a le pédalage leste, il a filé. Les deux autres sont sans voix et même le sifflet de Philippe ne sert a rien. Jaume monte le ton « vous faite ch…  a ne pas écouter » ; on aurai dû s’attendre. La digestion du concept « El Grupetto » fait encore des siennes. Bon mais ont roule bien. Cette étape plus basse en altitude, donc plus habitée nous permet de traverser des petits villages et même une grosse agglomération. Avec deux rudes montées assez brèves, mais très cassantes. Enfin Jaume m’a poussé. Dans les descentes « trialisantes » son nouveau dispositif télescopique, qui lui permet de régler la hauteur de selle, semble bien lui plaire. Comme il dit « çà te baisse le centre de gravité » Il est tout content de trouver près du Suc de Lagarde (1143m) un parcours d’orientation, il le montre a Yvan. Philippe qui à la carte autour du cou, râle sans arrêt après ses lunettes. Même là, il jetterai bien cette pochette qui contient les cartes.

« C’est bien la première et la dernier fois que je fais l’orienteur » ça le fatigue té !!! Yvan et Jaume le rassurent en lui disant que cette portion de GTMC est très intéressante pour apprendre, mais rien n’y fait, cela ne lui plait pas, c’est pas grave. Nous roulons bon train sur une petite route. Soudain la voiture suiveuse sortie de nulle part jailli devant nous. Super Gérard plante le véhicule au beau milieu de la petite route et surgit du véhicule pour installer la nouvelle pompe sur le cadre de mon collègue un « Scrapper Sport 1 » de chez Go sport la machine de Philippe. Je parle aussi de mon troisième confrère un « XC210 »  de chez Lapierre celui-ci appartient à Yvan. Un vététiste nous double avec un petit salut. Nous le retrouverons plus tard près du Bois de Chau après le Pirou. C’est lui qui nous a indiqué une autre variante.
Arrivée à Ruynes en Margeride un peu bruineuse, achat de nos cartes postales quotidiennes que nos pilotes envoient chez eux à chaque étape où nous dormons. Ce Jaume il a toujours de idées saugrenues. J’ai bien vu qu’il ne monterai pas la côte et quand je l’ai senti sauter rapidement, j’étais soulagé pour lui, car elle monte cette pente avant Trailus. 
Arrivée au gite où nous profitons du beau panorama sur les monts du Cantal et du Cézallier. Au repas, nos cyclistes on droit a un apéro, eh ben non, mais à un épisode burlesque : celui de l’arrivée d’un car rempli de Belges Flamands du 3ème âge (remarquez que nos propriétaires, eux aussi ils sont un peu âgés) qui viennent manger dans le gite. Leur solitude fut bien vite remplie par un vacarme époustouflant. C’est un "tour operator"  qui a l’habitude de venir bouffer ici. Nos quatre héros, sur une petite table dans un coin, c’est sûr, face à 80 Belges ne faisaient pas le poids ni le bruit. Enfin c’est comme cela ! Et Gérard de dire :
- Je n’aime pas le vélo ! Les trois autres se regardent interloqués.
- Demain çà monte juste après le petit déjeuner.j’aime pas çà non plus.
C’est comme cela la vie en groupe, mais cela aurait pu être pire, alors profitons.

Gérard

Deux côtes fracturées lors d'une randonnée VTT en Bretagne ont mis notre ami Gérard "hors service". Nous lui souhaitons un prompt rétablissement.

Philippe

Pour cette étape, je porte à mon cou la pochette contenant les cartes au 1/25000ème et la boussole. Le petit-déjeuner est copieux et je me sens en forme malgré que je considère comme une corvée d’avoir à assurer le guidage du groupe. Moi qui d’ordinaire m’insurge devant les allergiques à tout apprentissage ou ceux qui se désintéressent des sujets dont ils n’ont pas la maîtrise, je me retrouve piteusement à rechigner devant les outils les plus basiques du randonneur. Encore une de ces incohérences entre les thèses que l’on claironne et nos comportements au quotidien. Tant pis, je me ferai violence... au nom de la solidarité.

Gérard a pris du temps pour m'inculquer des notions élémentaires de cartographie, ne me laissant d’autre alternative que de me pencher sur les courbes de niveaux, pistes, chemins, routes, ponts, ruisseaux, lacs, bosquets, moulins et une multitude d'autres indices sans lesquels j’avais pourtant fort bien vécu jusqu’à présent.

Ma première véritable décision est de tourner sur la droite après avoir franchi une voie ferrée à quelques kilomètres de notre point de départ. Je suis sûr de mon coup lorsque nous abordons la pente qui flirte avec les 10%. Yvan, en grande forme, démarre comme une fusée. Jaume, plus raisonnable, mouline tandis que mes capacités musculaires matinales ne me laissent d'autre choix qu'un "tout à gauche" au niveau des pignons de ma roue arrière.
Au bout de deux cent mètres, la route évolue dans une direction autre que celle indiquée par la carte. M... je me suis planté ! Vite, je sors mon sifflet et souffle comme un dératé pour avertir Yvan. Il est déjà loin et n’entend pas le signal, dont nous avions convenu qu’il servirait dans ce cas de figure. Gérard qui conduit le « berlingo » nous suit de près et tente lui aussi de prévenir Yvan qui vient de redescendre Il a droit au regard ténébreux de Jaume, bien plus explicite que tout commentaire à propos de l'esprit "grupetto".

Je culpabilise d'avoir failli dans mon orientation, me rassurant en me disant que ces situations, en tant que révélatrices de nos comportements, nous donneraient l'occasion de mieux nous connaitre. Tout au long de cette journée, la fichue pochette d'orientation me pèse bien plus que les quelques centaines de grammes qu’elle représente. Outre qu'elle ballote dans tous les sens, elle heurte alternativement mes genoux à la fréquence du pédalage. Si elle n’avait été la chère propriété de Jaume, je m’en serais bien débarrassé en la jetant dans un ravin, non sans une certaine jouissance. Quand je pense que nous avons déjà clamé, sur le ton de la plaisanterie "on a payé pour en chier"; ce jour là ces six mots prennent à mes yeux toute leur signification. 
Pour corser la balade, au sortir du village de Neussargues, nous devons gravir, que dis-je, escalader, une pente particulièrement raide. L’avant-veille, à Laschamps, au cours du diner, Jaume nous avait invités à philosopher sur le paradoxe d'avoir à «monter» pour «descendre» jusqu'au niveau de la mer. Cartésien de nature, j'étais convaincu que la logique suffirait à balayer sa thèse et que le jésuite (qualificatif dont il m’avait affublé ce soir là) aurait alors sa revanche. Cette première côte mémorable, a pourtant altéré mes certitudes et restitué au doute toute la place qu’il n’aurait jamais dû cesser d’avoir dans mes méditations métaphysiques. Je ne pouvais que me réjouir de constater que le pédalage était propice à la réflexion. Chaque tour de manivelle, en remettant en cause mes certitudes m’imposait une humilité dont je n'aurais jamais du faire l'économie, fut-ce par vanité... ou par confort.
Sur cette étape, j'ai aussi été victime de deux crevaisons, (les seules de ma GTMC) et de grincements suspects dans mon frein arrière. Délaissant toute rationalité, je m'interrogeais sur une possible signification de mes ennuis : Est-ce un hasard s'ils se sont produits lorsque je passais devant des croix de pierres, symboles religieux omniprésents sur notre parcours ou est-ce une entité suprême qui, se matérialisant ainsi, me signifie de ne pas l'exclure de mes pérégrinations philosophiques ?

Je me suis souvenu alors de l'astronome Pierre Simon de Laplace qui, présentant son ouvrage Exposition du système du monde à Napoléon Bonaparte se vit ainsi interpeller: «Vous donnez les lois de toute la création et vous ne parlez pas une seule fois de l'existence de Dieu !» à quoi il répondit: «Sire, je n'ai pas eu besoin de cette hypothèse». Décidément je n'aurais jamais imaginé que l'effort physique était à ce point libérateur pour l'esprit. C'est donc en appuyant fort sur mes pédales, dans les chemins caillouteux du Cantal que je m'interrogeais sur des sujets pour lesquels même les plus illustres penseurs n'ont à ce jour été capables de répondre avec certitude. 

Durant cette étape j'ai aussi perdu ma pompe. Gérard, toujours très présent sur les lieux où notre parcours croisait sa route, a réussi la prouesse de m'en acheter une à Saint Flour et de nous retrouver dans un hameau perdu pour venir la fixer lui même sur le cadre de mon VTT, sans que j'eu besoin d'intervenir en quoi que ce soit. C'est lui qui avait également réglé mon problème de grincement, au cours du repas de midi, en remplaçant mes plaquettes de frein. Je ne sais pas s'il en eu conscience, mais ce jour là, il fut vraiment mon bon samaritain.

L'itinéraire établi par Jaume nous impose de terminer l'étape en poussant nos vélos dans une laborieuse progression à 3 km/h. Le lendemain matin nous aurons l'occasion de mesurer la pertinence de son choix.
Après avoir diné avec l'incontournable truffade qui me fit regretter d'être Auvergnat, j'ai bavardé avec une personne qui pulvérisait l'encolure de son cheval avec un traitement contre les moustiques. Ce dernier n'appréciait pas du tout et commençait à ruer de façon spectaculaire. Face à cet imposant animal agité, la jeune fille affichait une autorité qui contrastait avec sa frêle silhouette, tout en m'offrant le spectacle de la maitrise de l'homme sur l'animal. J'avais devant moi tout un symbole: la domination du cerveau sur le muscle. Inévitablement je me demandais qui de mon cerveau ou de mes muscles me serait le plus utile pour l'étape du lendemain car, Selon Gérard, elle allait être "longue et difficile". Je m'endormis avec cette dernière pensée à l'issue d'un éprouvant parcours qui fut pour moi, à la fois, le plus calamiteux et le plus "philosophique" de cette GTMC.

Yvan

Ce matin le temps est couvert, je file chez le garagiste pour regonfler mon pneu arrière tubeless. Aujourd’hui, Philippe est à la navigation pour cette étape de transition, Jaume a dit : « étape de liaison entre le massif du Cézallier et les monts du Cantal, entre les volcans et la Margeride ». On démarre par un goudron descendant doucement, puis on pique à droite sur une route secondaire, passons la voie ferrée, Jaume et Philippe ralentissent alors je tente une échappée sur cette route qui grimpe soudainement après une paire de kilomètres, j’attends, le temps qui coule insinue le doute sur le choix de ma voie car toujours personne. Alors je pratique mon exercice préféré, je file en descente -à fond- retrouver mes camarades. On s’était trompé de route, Gérard a tenté de me prévenir, sans succès. Jaume nous rappelle une notion : El Grupetto, c’est ensemble.
On poursuit dans un sous-bois, on s’égare en forêt. On s’arrête devant un parcours de course d’orientation, Jaume m’explique comment cela fonctionne et commente les niveaux proposés. Bon, il faut respecter le timing, alors goudron, descente à fond, puis on serpente dans la campagne vallonnée avec de belles percées visuelles sur le paysage. On perçoit les nuées de pluie qui bouchent l’horizon, les armées de nuages passent et semblent nous ignorer royalement. On voit ça et là des bataillons de gouttes d’eau qui s’abattent sur les reliefs en nous épargnant. Nous descendons sur Moissac par un monotrace rapide, un peu technique à certain moment à cause des obstacles, rochers, cailloux, racines et même un tuyau en polyéthylène au milieu du champ qui boucle ce passage. On fait un crochet pour admirer les sarcophages mérovingiens du VIIIème siècle afin de ne pas négliger les éléments culturels qui ponctuent notre périple.
On passe Neussargues, on passe sous la voie de chemin de fer puis on gravit, on grimpe, on fait une ascension sur l’autre flanc de la vallée de l’Alagnon. Philippe a une crevaison lente que nous décidons de réparer au pied d’un calvaire. Moment de détente, observation du paysage agricole et de la pluie qui tourne toujours autour de nous. Un goudron nous mène jusqu’à la pause déjeuner sur l’herbe. Le temps reste maussade, notre bonne humeur égale. Dans l’après-midi, on esquive les pluies, les pentes restent correctes, sans grande difficulté. Le relief du parcours est doux, on est à flanc de colline jusqu’à Saint-Flour. Saint-Flour, une ville, une vraie, cela faisait longtemps que nous avions évité les effluves de gaz carbonique et autres produits des échappements. La gestion d’un rond-point, garder sa droite, des notions qui s’étaient évaporées avec le temps. Nous obliquons vers la vallée de la Truyère, calme et paisible, puis grimpons un raidillon sur la route vers Saint Georges pour jouir d’un panorama sur le paysage du Cantal et la ville de Saint-Flour. Descente sur un chemin facile jusqu’à la route qui nous permettra d’enjamber l’autoroute A75 que je connais si bien. Je n’aurais jamais soupçonné qu’un jour je passerais ici à vélo. On aperçoit la Margeride du Mont Mouchet, on passe par un bois où l’on rencontre un vététiste local. On poursuit dans cette pinède qui abrite un joli parcours de santé, puis on rejoint Ruynes en Margeride où la bruine finit par nous toucher. Un dernier effort, genre montagnes russes, est nécessaire pour retrouver le gîte. Enfin tranquille et au repos pour 1 jour. Ce soir il y aura du pounty et de la truffade, façon cantal, pour nous comme pour la cinquantaine de belges flamands qui viennent d’investir la salle de restaurant. Petite promenade digestive avec Philippe au pied de la Margeride du Mont Mouchet.

La phrase du jour de Gigapixel : Ce porte-carte et cette carte, ils m’em… !