Les valeureux participants :
Départ

Refuge de Batère (66)

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Arrivé

Fillols (66)

Distance  45 km

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  • Récit
  • Yvan
  • Gérard
  • Philippe
  • Yvan

Description de l'étape

Une légère descente pour retrouver le Col de la Descarga, après par un plat montant en direction de la Tour de Batère 1 429 m. Ensuite notre choix a été de rejoindre le Col Formentera à 1 133 m d’alti. De là, nous avons emprunté une ancienne voie ferrée qui nous a permis, en contournant le Singlèse de Cristeil, d’arriver aux Mines de Rampaloum vers 1 200 m. Un vrai dédale de possibilités (pas toujours bonnes) nous avons opté pour un sentier muletier, qui cahin-caha, nous a conduits aux Mines de la Pinosa. Notre choix a été de remonter plein Sud jusqu’à la sortie de la friche industrielle où là nous suivons une sente (qui n’est pas indiquée sur toutes les cartes) remplie de feuilles mortes, jusqu’à l’altitude 1 400 m Nous coupons le torrent qui coule dans le Ravin de Pinoussette. Nous trouvons un « tire de débardage » par une descente un peu acrobatique avec beaucoup de branches jusqu’à trouver le Ravin de Pél de Ca alti 1 250 m. Nous avons suivi une piste (très arrosée par les fuites du captage) jusqu’à la bifurcation environ 1 200 m d’altitude, sous le Faig Gros. Ensuite remontée sur le Refuge ONF de l’Estanyol 1 479 m. Pose repas, nous empruntons le GR 10 jusqu’à l’Abri du Pinatel 1 650 m. Nous poursuivons par « Le Balcon du Canigou » en direction du Col Ras del Prat Cabreras 1 739 m après être passé par le Clot de Baix 1 659 et la Carnisserie sur le Torrent de la Lentilla 1 663 m.

Ravitaillement et hébergement

Le déjeuner de cette troisième et dernière étape, préparé par le Refuge de Batère est bien équilibré, on y retrouve les aliments nécessaire aux randonneurs, fruits, protéines, céréales...

Jaume

Nos quatre pédaleurs dans le matin frais, car il fait frais pour la saison 13° en ce début juillet. Jaume, m’avait fait reconnaître un morceau de l’étape. Il avait décider de les faire passer par une ancienne voie ferrée, qui part du Col de Formetera, et ensuite qui suit les flancs de la montagne jusqu’aux Mines de Rapaloum. Arrivé à un carrefour la rébellion éclate :

- Et pourquoi on ne va pas par là ? – en choeur dirent les trois autres - Çà l’air d’aller mieux par là et cela va dans la direction où l’on doit aller.

- La ligne droite en montagne, ironise Jaume, n’est pas toujours la bonne direction.

- Oui mais… Ce secteur-là n’apparaît pas sur l’écran du GPS

- Ah, ce GPS, tu parles avec une taille pareille de l’écran. Qu’est que tu veux voir ?

- Quelle taille ? Glapit Gérard

- Hé ben ! Ton confetti ou ton timbre-poste

- Je ne vois pas le bout cette carte sur l’écran.

- Ah ! Bon fit avec le sourire Jaume

- Je n’ai pas acheté le pavé d’à côté donc il me manque un bout du parcours !

- Moi aussi, rétorque Jaume, je ne l’ai pas sur la carte, il m’en faut une autre. Mais je vous assure que cela passe par là.

Enfin la troupe se remet en route. Et ils dévalent sur le col. Ils suivent cette voie légèrement montante, dans une splendide hêtraie, avec de copieux bouquets d’orties qui aiment bien chatouiller les jolis mollets de nos cyclistes.

Ils sont passé par 8 ou 9 tunnels.

- Je dirai que 6 rétorque Philippe.

Silence, grand silence on ne va pas polémiquer sur la terrasse du belvédère de la mine de Rapaloum,

-  À partir de maintenant le sentier va être un peu spécial, leur explique Jaume.

Et ses dociles compagnons s’engagent sans rechigner sur la sente, en nous poussant ou voir en nous portant. Nous sommes bien contents, car on aime bien être portés. C’est une sensation agréable de ne plus avoir la gomme de nos pneumatiques en contact avec le sol rugueux de ces montagnes.

Nous voilà arrivé à travers une végétation assez haute dans le site de la Mine de la Pinouse.

- Il y a un chemin qui descend là-dedans

- Ah ! Oui rétorque Yvan en regardant un fouillis inextricable de broussailles.

- Mais il y a un autre passage qui nous fera perdre moins d’altitude, il existe sur certaines cartes, explique Jaume en montrant le Sud.

- Je pars en repérage, déclare Gérard

Celui-ci monte en direction du Sud, il va prospecter derrière les bâtiments en ruines. Les autres restent là à grignoter, à faire des photos. Au bout d’un certain temps, Jaume part à la rencontre de Gérard, il ne le trouve pas, mais le chemin secret existe bel et bien. Gérard, finalement arrive :

- Je suis allé jusque au torrent et j’ai vu de l’autre côté un bout de piste. Il y aura beaucoup de feuilles mortes.

Nous voilà partis en poussette car le terrain est vraiment très feuillu, nous allons à la rencontre du torrent de la Pinoussette. De là on descend sur 160 mètres de déniveler par un « Tire1 » bien encombré par de nombreuses branches afin de rejoindre une jolie piste. Nous avons la chance de longer un gros tuyau de captage d’eau en acier qui a très souvent des fuites surtout aux jonctions. De leurs grands jets elles nous éclaboussent d’une eau assez fraîche.

- Les eaux de Versailles, s’exclame Jaume.

Gérard, imperturbable, mène un train soutenu sans se soucier des flaques ou des jets assassins qui nous mouille. Nos loustics reprennent du dénivelé pour arriver au Refuge des Estanyol. Mais la côte est rude.

- 1200 à 1480 m ça doit faire 280 m de dénivelé sur 2 km 500

- Ah, non s’exclame Ramon - Jaume tu ne vas t’y mettre toi aussi à nous parler de pourcentage

-  Mais, je voulais juste comprendre pourquoi je te poussais dans cette côte.

Nous passons sous deux arbres récemment foudroyé, qui barrent la piste de toutes leurs ramures. Refuge de L’Estanyol, le bienvenu car il commence à faire faim, je le vois bien à l’allure de Jaume, il est comme on dit « en hypo ». Petit repas bien sympathique, on rigole avec des randonneurs pédestres qui nous demandent si on ne s’est pas trompé de chemin car ce n’est pas une piste cyclable. Grands éclats de rire de part et d’autre.

Nos lascars ne font même pas la sieste, ils se barrent en direction du prochain refuge, celui du Pinatelle. Ils enchaînent en alternant les poussettes, les roulages, les portages dans une saine et joyeuse allégresse. Jaume est presque aux anges, quand soudain la question fatidique lui tombe sur le dos.

- Jaume, c’est où le sommet du Canigou ! S’écrie Yvan

- Ben ! On ne le voit pas d’où nous sommes.

- Je suis déçu ! Soupir Yvan

- Déçu ou dessus ! Réplique Jaume avec le sourire, enfin tu en fais le Tour depuis deux jours, quand même, non !

- Le Tour, renchérit Philippe, je ne pensais pas qu’il y avait tant de choses a voir. D’ailleurs dès que je rentre j’en parlerai à mon beauf.

Après cet intermède qui aurait pu dégénèrer, comme ils savent le faire, mais non, ouf ! Notre joyeuse équipe repart en montant cahin-caha dans cet univers de forêt entrecoupé de clairières. S’il n’y avait que les clairières… mais il y a aussi les torrents. Et là, nos cyclistes se mouillent les pieds, car il faut qu’ils nous portent sur leurs épaules. Le dépaysement est sublime. Arrivés l’Abri du Pinatelle, où un groupe de randonneurs déjeune, nous avons un incident :

- Et merde ! J’ai « perfora la gomma » ! S’exclame Jaume en levant les bras.

Aussitôt le team saute de leurs machines, se ruent sur moi. Philippe me tient la selle. Jaume, m’enlève la roue avant et oui la roue avant. Gérard démonte le pneu. Yvan lui donne la nouvelle chambre. Gérard réinstalle le pneu et le gonfle. Ils me remettent ma roue, tout compte fait, je préfère ma roue car avoir le bout de la fourche posé sur la terre, ça ne me plaît pas du tout.

Pendant ce court temps de réparation, Jaume, essaie de bavarder avec les pédestres. Mais le dialogue est vite refermé, ils sont un peu imbus de leurs prérogatives de « montagnards du dimanche ». Et ils leur font une « petite conduite de Grenoble ».[2]

- Vous êtes venu par là ? s’enhardit Philippe, afin de savoir dans quel état est la suite de l’itinéraire concocté par Jaume.

- Ho ! C’est presque plat et même roulant lui explique avec dédain un des randonneurs

-          Ça va aller mieux après, le sentier est même roulant ! Nous restitue Philipe.

Mais bien plus tard, en franchissant un seuil très rocheux nous entendîmes les invectives de Philippe.

-          Quel con ce randonneur ! Encore un de ses prétentieux qui n’aime pas les cyclistes.

Faut dire que le passage est vraiment chaotique. Mais de là à dire que c’est plat et voir roulant il y a des limites.

Jaume savait que cette portion de parcours serait tout en poussette enfin, ils les avait prévenus que ce serait du vélo de montagne.

-          « Pas pour les Mickeys » comme le dit si bien notre ami Yvan.

Ils arrivent, au fameux passage de La Carnisserie avec le franchissement du Torrent de La Lentilla. Ensuite nous montons sur le flanc Est du Roc des Moliéres, jusqu’au Col de Ras del Prat Cabrera 1 739 m. Une très grosse poussette éprouvante qui a bien fatigué nos vélocipédistes. Ils font une pause courte, mais riche en ravitaillement en tous genres.

- Du Ras del Prat Cabrera au prochain col, celui du Ras del Cortalet 2055, il n’y a que 316 mètres de dénivelé

- Ah ! Oui il y a quelque chose qui ne dérange dans cette phrase, c’est le « que » car je t’annonce que tu marches à côté de moi et que tu me pousses.

- Bon d’accord je te pousse, mais des fois j’essaie de pédaler

- Oui ! Mais seulement sur 100 m

- Ah ! Tu m’embêtes, si j’avais su, j’ t’aurai pas emmené.

- Hé Jaume ne t’emballe pas, cela te fait monter les pulsations pour rien

- Bon t’as raison, je vais marcher tranquille, d’ailleurs la distance entre les deux cols n’est que de 3 km 500.

- Et après ?

- Je bois un coup, je remange, j’enfile mon coupe-vent et ensuite nous foncerons dans une descente comme deux dératés jusqu’à Fillols le terminus…

- Et Fillols c’est à quelle altitude ?

- À 750 m

- Sans être Gérard avec son GPS (qui ne marche pas) cela fait 1 305 m de dénivelé.

- Ça va descendre dur, mes freins vont encore chauffer !

La descente se fait sous un ciel un peu couvert voir légèrement pluvieux, seulement quelques gouttes. Nos quatre camarades dévalent en prenant quand même le temps de s’arrêter pour admirer les splendides panoramas. Ils se régalent et savourent ces instants vélocipédiques.

Conclusion

Nos quatre comparses ont bouclé le Tour du Canigou, avec pleins de souvenir dans les mirettes. Un sérieux dénivelé dans les mollets pas loin de 5 000 m de montée et autant de descente, pour 120 km, cela en trois jours. Pour une bande de vieux (excuse Yvan) 236 années a nous quatre, donc El Gruppetto à une moyenne de 59 ans. C’est vrai ce n’est pas très vieux, et comme le dit si bien Léo Ferré « On dit qu’on a toujours vingt ans ».

Et bien sûr, « toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »

Bien qu’inspirée en partie de faits réels, les personnages et situation décrite dans ce texte sont purement fictifs !!!!!

Gérard

 Et voilà, les bonnes choses ont une toujours une fin et je ne pouvais pas terminer mes récits d'étape fictifs, où trône notre ami Gérard, sans les marquer encore plus fortement du sceau de l'humour. Voici donc un moment marquant pour chacune de nos trois étapes

 

ETAPE 1: la montée vers" Pla Guillem" nous réserve une surprise.

ETAPE 2: Le refuge de Batère propose un baromètre original (notice d'utilisation)

ETAPE 3: Gérard retrouve la piste perdue et nous sort d'une mauvaise passe à La Pinouse.

 

 Bye bye et à bientôt pour de nouvelles aventures...

Phil

Philippe

Dernier jour… La fraîcheur matinale a tôt fait de s’estomper lorsqu’un petit quart d’heure après avoir quitté le col de la Descarga nous dépassons la tour de Batère, ancienne tour de surveillance érigée vers 1340 entre Conflent et Vallespir. Nous amorçons une descente rapide sur la piste de Formentera qui, après que nous ayons négocié quelques larges épingles, nous conduit au départ de l’ancienne ligne de chemin de fer Rapaloum-Formentère.

En suivant cette ligne désaffectée qui serpente une quinzaine de kilomètres à travers la forêt, nous découvrons, au gré des petits tunnels qui la jalonnent, une multitude de vestiges attestant de l’activité minière passée. Nous faisons face à quelques surprises, comme ces amas de feuilles d’aspect anodin qui, lorsqu’on les franchit stoppent nos VTT qui subitement se retrouvent, tout comme nos pieds, immergés dans un amalgame d’eau boueuse et de feuilles qui de surcroit encombrent nos dérailleurs.

La progression sur cette voie ferrée ombragée est plutôt agréable, mais elle est de courte durée car le parcours concocté par Jaume se corse. Nous voilà de nouveau sur un sentier étroit couvert de feuilles et où la progression n’est pas des plus aisée, malgré un dénivelé favorable. Heureusement, nous croisons une piste forestière qui nous conduit au refuge ONF de l’Estanyol, non sans avoir au préalable été copieusement rincés par les multiples jaillissements d’eau issus d’une canalisation forcée qui s’apparente davantage à une passoire qu’à un tuyau !

Nos gourdes sont vides et l’eau de la fontaine du refuge est glaciale. Nous pouvons enfin nous restaurer. Des deux ou trois groupes de randonneurs installés ici, l'un d'eux plaisante avec nous sur le fait d'être catalan ou gavach (gabacho). Seul un de ces groupes nous scrute avec une condescendance qui ne fait que renforcer l’impression que j’avais eu dès notre arrivée sur les lieux. A leur manière de nous dévisager, de regarder nos VTT et nos tenues et de s'écarter comme si nous étions pestiférés, j’ai alors senti en eux cette bêtise qui m'interpelle d’autant plus que je devais partager avec eux et malgré moi des espaces que je me surprends à penser qu'ils ne méritent pas.

Mais enfin, au nom de quel élitisme puis-je prétendre m'approprier ces lieux? Et comme pour amortir ma "chute" je me raccroche à une ultime branche en me disant que ces imbéciles le sont probablement davantage que la catégorie d'imbéciles à laquelle j'appartiens moi-même. Mais le casse-croute est terminé et nous avons encore de la piste à avaler. Nous reprenons le sentier et là, nous mesurons le poids de nos VTT à la douleur qui cisaille nos épaules. C’est ça qu’on appelle "le portage" ! On entre dans des portions de parcours où la progression devient acrobatique et passablement hasardeuse.

Nous atteignons finalement les mines de la Pinouze. Quelques gouttes tombent; la pluie… il ne manquait plus que ça ! Nous explorons les lieux, je cours derrière un papillon, et oui, j’ai encore quelques réflexes entomologiques, c’est bon signe.

Mais l’heure est grave, plus aucun sentier tracé pour se sortir de cette jungle végétale qui a repris ses droits sur les bâtisses vides. Plusieurs hypothèses s’affrontent. Il faudra que Gérard et Jacques s'aventurent hors de ces lieux et s'enfoncent dans les broussailles pour chercher une trace de cette satanée piste qui doit nous sortir de là. Il s'est passé un gros quart d’heure avant que Gérard ne réapparaisse avec un "eureka" qui nous soulage tous.

Nous repartons dans une progression encore plus difficile où alternent raidillons, feuilles, branches, ronces et cailloux…. Une crevaison nous impose une halte forcée à proximité de l’abri du Pinatell. En surplomb de l’abri quelques randonneurs assis dans l'herbe font une pause. Ils nous disent que le plus dur est derrière nous, non sans retenir un léger ricanement, et que la progression est désormais aisée et les paysages magnifiques. Intérieurement je me sens tranquilisé.

Mais bien vite le parcours qui va suivre me confirmera, qu’aux imbéciles du déjeuner nous venons ici de croiser des cons d’une toute autre envergure. C’est ainsi que de la même manière que la lessive, immortalisée par Coluche, qui permettait d’obtenir un blanc plus blanc que le blanc, je me trouve face à une connerie qui à travers les propos de mes interlocuteurs atteint son apogée, et oui plus con que con ça existe !

Mais qu’ai-je donc aujourd’hui à voir partout des cons croiser mon chemin.  M'enfoncerais-je dans je ne sais quel autre abîme ! A travers mon corps qui en bave, je voue une haine à tout ce qui croise mon regard… mais ces pauvres gens n’y sont pour rien et s’il sont cons comme je le prétends, pourquoi ne le serais-je pas plus qu'eux ? Et voilà cette petite voix intérieure qui me rattrape et me demander de marcher, porter, pédaler, suer… mais surtout de la fermer !

Au moins, cette fois-ci, ce ne sera pas Jaume, saoulé par mes propos et autres divagations, qui me demandera de mettre en veilleuse, comme il l'avait fait la veille. Mais serais-je seulement capable de m'autoréguler ? Je continue d'avancer tout en me demandant, si mes collègues pouvaient lire dans mes pensées et voir ce qui les occupe en ce moment, ne me prendraient pas pour un cinglé. A moins qu'ils n'aient déjà tiré ces conclusions et faisant preuve de délicatesse, ne m'en touchent pas mot. Tant pis, comme si les efforts physiques ne suffisaient pas, il me faut maintenant faire pénitence avec ce mutisme qui n’est vraiment pas dans ma nature.

La suite du parcours ne me laisse d’autre choix que de me taire…  Hier, Gérard disait, tout en montant le col de Batère "un vélo est un outil extraordinaire", aujourd'hui je me mets à penser : "et un corps humain alors, c’est pas mal non plus".

Je n’ai pas fait de service militaire, mais je suis certain que cette dernière étape n’a rien à envier au parcours du combattant. Hormis la fatigue, quel pied d’être ici, dans une nature à la limite de l’hostilité mais si grandiose et exaltante. Mes divagations sur la connerie humaine s'estompent enfin pour faire place à de la béatitude. Je me sens dans un état frôlant l’exaltation, est-ce l'adrénaline ? Je n'en réalise que mieux cet attachement charnel à l'élément si bien décrit Par Tournier dans son "vendredi". Et oui, la nature peut être aussi "bandante" pour les sens que pourrait l'être une belle créature en toutes autre circonstance… c'est ainsi que j'ai pris mon pied, tandis que mes pauvres pieds, eux, affrontaient les rochers et les eaux glacées des torrents. 

Lors de passages escarpés et étroits surplombant le vide, j'ai ressenti un danger qui renforça encore l’intensité de mon sentiment de plénitude, un  de ces danger qui vous file la boule au ventre, comme poussé à son paroxysme. Si j’étais oiseau je décrocherais alors de ce sentier et m'en irait à jamais en un long vol sans fin… Arrivé au "Raz del Prat cabrere" il est temps pour moi de revenir sur terre. Je ne suis pas en thérapie mais le cul sur la selle de mon VTT et d’ici au Cortalets nous attendent encore trois cent mètres de dénivelé. Certes sur une piste carrossable mais après un parcours tellement harassant qu’on doit alors puiser dans nos ultimes ressources pour trouver la force de monter. Il ne me reste plus qu’un pignon de réserve, ensuite se sera pied à terre si ça coince trop. Cette ascension vers le Cortalets n’en finit plus, chaque virage, chaque épingle qui se profile porte l'espérance du but atteint, mais une fois dépassée nous rappelle que la route est encore longue qui même au sommet, d'autant que la crête semble s’éloigner un peu plus à chaque coup de pédale. Cette fin d’étape revêt les aspects d'un supplice et pourtant pour rien au monde j'abandonnerais mon VTT au profit d’un des quelques 4x4 qui nous double.

Enfin, le col de Cortalet. Les gourdes sont encore vides, nous aussi, mais quelle étape ! Pour moi et quelque mois après, au moment où j’écris ces impressions de parcours, je réalise à quel point elle fut intense. Elle restera parmi mes meilleurs souvenirs à vélo, tout comme mes ascensions pyrénéennes du Tourmalet, du plateau de Beille ou de Superbagnère.

Depuis les Cortalets, le Canigou autour duquel nous tournions depuis trois jours, sans le voir, nous apparait enfin comme pour saluer notre détermination. Il nous reste environ une petite heure à rouler avant d’atteindre notre point de départ pour fermer la boucle. Nous revêtons nos coupe-vent et abordons la plus grande descente qu’il m’ait été donné de parcourir à VTT, interminable, elle met à dure épreuve nos freins, nos poignets et épaules. Slalom entre le bitume et le béton défoncé pour éviter les larges et profonds nids de poule qu'heureusement, aucun de nous ne visitera. L'arrivée au parking que nous avions quitté deux jours auparavant sonne la fin d'une aventure que j'aurais bien aimé prolonger. Mais peut être l'an prochain allons-nous revivre de tels moment, il semblerait que nous soyons tous motivés pour aller nous confronter au massif jurassien.

Yvan

Départ en descente vers le col de la Descarga. On rejoint "la Tour" avant d’amorcer une longue descente qui nous mène au départ de la ligne de chemin de fer que l’on suit.

La topographie est super car le dénivelée est faible et on a des points du vue magnifique sur la côté est du massif du Canigou. Au loin, on voit la mer méditerranée.

On rejoint une piste que l’on quitte rapidement pour reprendre le tracé de l’ancienne voie ferrée, on rencontre des chercheurs de champignons qui nous font un brin d’histoire et notamment que la voie ferrée n’a jamais été enlevée comme nous pouvions le supposer, mais les rails ont été ensevelis au fil du temps avec les apports de l’érosion.

La voie vient se terminer au site des mines de la Pinosa. Là encore la nostalgie m’envahit, ces imposantes bâtisses vouées à une démolition inéluctable due aux éléments climatique, un temps pour bâtir, l’éternité pour détruire.

On cherche notre piste et Doc Feelgood, trouve un sentier qui nécessite du portage sur une centaine de mètre mais qui enchaine avec une piste en pente raide, descente à fond les manettes assurée.

On enchaine avec un piste forestière qui est encombrée avec un arbre et ça grimpe encore, on arrive au refuge de l’Estanyol pour la pause déjeuner. Pour le coup au refuge de Batère, ils nous ont soigné et préparé un vrai déjeuner de randonneur vététiste : varié et complet.

La suite est plus épique, on avance avec des difficultés réelles pour les VTT XC ou All Mountain. On rejoint le refuge de Pinatel.

Bonne pause, échange de point de vue avec un groupe de randonneur de Vinça. A partir de là on pousse plus souvent que l’on ne pédale. En fait je monte sur mon VTT aussi régulièrement que j’en descends dès qu’un éboulis important m’empêche de passer, on poursuit ce balcon du Canigou jusqu’à un col, on enchaine avec la piste forestière qui grimpe jusqu’au col du Ras del Cortalets.

Là j’ai vraiment pris une suée. Je me change pour du sec et je mets un coupe-vent. La descente par un erzatz de route goudronnée qui a vécu des moments difficiles si l’on constate l’état du revêtement.

La descente est vertigineuse car on prend rapidement de la vitesse et le revêtement inégal peut agir comme un piège fatal à grande vitesse. Gérard vérifie sur son GPS que je puisse bien emprunter le sentier piéton et évalue nos points de rencontre. Je bifurque donc sur le sentier pédestre, le premier tronçon est bon, les deux suivants sont plus aléatoires et c’est une succession de chute dont un salto avant du haut d’un talus. Quelle boite, heureusement que mon sac pour ces trois jours d’autonomie m’a évité le pire. La fatigue accumulée dans la journée est également un facteur aggravant pour pénaliser la vigilance de ma conduite.

Enfin, on glisse doucement vers Fillols pour rejoindre nos véhicules. Durant le chemin du retour par la route, je regarde ce massif du Canigou différemment.