Les valeureux participants :
Départ Fillols (66)

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Arrivé

Prats de Mollo (66)

Distance  47 km

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  • Récit
  • Yvan
  • Gérard
  • Philippe
  • Yvan

Description de l'étape

Départ de Fillols 762 m par une petite route la D 27, au Col St Eusèbe 795 m petite descente sur Vernet les Bains (alti 773 m). Encore un peu de goudron qui nous emmène par la D116 à Casteil (795 m). Après ce village la route grimpe jusqu’au Col de Jau à 1 125 m. Nous voilà partis pour grimper vers Mariailles, qui se situe bien à l’altitude 1 718 m. De là, après une pause grains en longeant le torrent de la Llipodére, nous grimpons jusqu’à la Collade de la Rouquette 2 083 m. La montée n’est pas finie nous poursuivons par une ancienne piste jusqu’au Pla Guillem. À l’altitude 2 290 nous bifurquons en direction d’Est Sud-Est (azimut 120 °) nous suivons un beau réseau de cairns. Nous coupons entre le Roc de L’Aigle et la Font de la Perdrix (il est presque 12 h 30). Nous filons dans la pente et vers 2 200 m nous faisons la pause. Comme ont dit « ça caille ! ». Au Pla Guillem il faisait 6° le 8 juillet 2014. Le sentier passe légèrement à main droite d’un point côté 2 086 m. Il quitte les prairies pour aborder une zone forestière vers 1 938 M. et descend proche du Roc de la Descargue. Au Col de la Régine à 1 762 m nous trouvons une piste Est Sud-Est, qui emmène au fond de la vallée où coule le torrent de la Parcigoule, nous passons à côté de la demeure de la Mouline. Après avoir franchi le torrent par un radier 1 250 m nous suivons une belle piste qui surplombe les restes d’un vieux canal d’irrigation vers 1 272 m Col del Miracle. Là nous suivons toujours la piste qui se dirige vers le Cortal de Roure 1 240 m près d’un endroit nommé La Segnora. Puis descente en passant près de Cavanelles 1 100 m, ensuite nous filons vers le Mas Taillet 950 m nous retrouvons une petite route goudronnée qui nous fait dévaler à Prats de Mollo, traversée de la citadelle alti 730 m.

Ravitaillement et hébergement

Nous passons notre première nuit à L'hôtel-restaurant  "Costabonne" situé sur la place de Prats-de-mollo. Nous avons loué des chambres à deux lits. Ces dernièrs sont propres et dotées de salles de bain et toilettes et on y apprécie le silence, en outre on dispose d'une télévision.

L'hôtelier, qui vient de prendre récemment possession des lieux est très aimable. Il nous propose de mettre nos vélos à l'abri sur une terrasse située à l'arrière du bâtiment, ce qui nous impose de traverser la salle du bar et de monter quelques escalier avec les VTT sur nos épaules. Mais au moins notre matériel est en sûreté.

Le repas servi dans la grande salle du restaurant est classique mais bien cuisiné et le cuistot sympa répond à nos desiderata en faisant cuire à notre demande un grand plat de pates. Et oui, il nous faut reconstituer nos réserves ! Le petit déjeuner est copieux et l'établissement propose également des paniers repas. Nous restons sur une bonne impression et ne pouvons que recommander le "Costabonne".

En savoir plus: cliquer ici.

Jaume

Je me doutais bien qu’il avait concocté une autre aventure. Depuis janvier il me sortait régulièrement, il était très attentionné avec moi. Cela aurait dû me mettre « la puce à l’oreille », et il y a eu d’autres indices avant coureurs…

Hier soir, j’en ai eu la confirmation quand j’ai vu débouler l’aréopage, j’ai bien dit page, enfin « El Grupetto ». Là c’était sûr, on devait partir quelque part. Car Gérard, Yvan et Philippe n’étaient pas venus à la maison pour jouer aux billes. D’autant plus qu’au menu il y avait une énorme ventrée de pâtes.

- Qui dit pâtes, dit sucre lent, donc gros efforts.

Ils m’ont chargé dans la voiture et j’ai retrouvé avec le sourire un certain « Lapierre x 210 ». J’avais eu la chance de le rencontrer l’année passée sur la GTMC. Après avoir longuement bavardé de l’heure de départ, nos possesseurs se sont entendus.

A huit heures pétantes nos propriétaires pédalaient joyeusement et quittaient le petit village de Fillols. Ça commence bien par une petite descente, enfin on dit cela au début de l’étape. Une petite fraîcheur fouette les mollets de mon propriétaire. Après Vernet les Bains on poursuit par du goudron, jusqu’au Col de Jou.

Après la piste s’élève, mon fier patron pédale allègrement, mais parfois il descend et me pousse sur quelques mètres. Nous arrivons à la jonction 1 480 m entre le Col du Cheval Mort et le départ du sentier qui mène aux Mattes Rouges. Ensuite il pédale jusqu’à l’altitude de 1 650 m, a partir de là, il met pied à terre et me pousse. Pour la petite histoire Gérard avait hérité du surnom de « Doc » sur la GTMC cette fois-ci il pourrait bien en changer et devenir « Gégé GPS » une histoire à suivre…

- Ha ! Je vois que cela vous intéresse, et que vous aimeriez bien savoir pourquoi. Je pense que vous trouverez les explications tout au long des trois étapes.

Mais revenons à notre propos. Pour commencer je suis dans la roue1 de Gérard et je l’entends marmonner :

- Mais ce truc ça donne aussi les pourcentages en direct !

Et il chante à qui peut l’entendre sept, huit, neuf, douze, voir quinze ou encore dix-sept.

- Au début, j’ai cru qu’il parlait du temps qui s’écoulait me dit Jaume

- Ce n’est pas les résultats du Loto « quine et carton plein et tout le tintouin ».

J’ai cru que Jaume, allait s’étouffer, Jaume c’est le gars qui appuyé sur mes pédales. Quelques instants plus tard, il entend, je crois bien le chiffre de 19. Là il saute du vélo, il continue à pied en me poussant. J’ose lui demande :

- Dix-neuf quoi ?

- Ben ! Dix-neuf pour cent

- Quoi ? Dix-neuf pour cent me suis-je exclamé

- Écoute. Ça veut dire que lorsque tu fais 100 mètres de distance, tu t’élèves de 19 m de dénivelé.

- Hé Ben, ça alors ! Ça fait…

Interloqué, il me répond :

- Ça veut dire que ça monte !

- Je le vois bien, je ne suis pas aveugle, puisque depuis le bas de la pente tu embarques le 24 x 36, et que maintenant tu marches à côté de moi en me poussant.

De ce pas joyeux nous arrivons petit col au-dessus du Refuge de Mariaille 1 718 m. Pose graines bien méritée, le paysage en vaut le coup. Après cela il nous reste que 580 mètres de dénivelée (si ée, car ce nom, a la particularité de pouvoir s’écrire au féminin ou comme masculin). Si vous calculez bien, cela monte à 10 % de moyenne. Donc, pour moi c’est raide. Mon Jaume me pousse souvent. Il aurait fallu qu’il ait plus de kilomètres dans les jambes. Qu’il travaille les fameuses fibres courtes (pas vrai Gégé !). Il me pousse rapidement car la température est basse pour la saison et qui plus est, une petite tramontane souffle.

Arrivés au sommet du Pla Guillem, il enfile rapidement son coupe-vent avant d’attaquer la descente pour se mettre à l’abri de ce vent très rafraîchissant. Ils se sont concertés, il faut dire que c’est un groupe ou l’on discute souvent. Ils font halte, au soleil, à l’abri du vent derrière de gros rochers tout ronds comme de grosses boules aplaties. Pendant le repas une scène de ménage, éclate entre Gérard et son GPS. Pourtant rien ne laisse présager une telle dispute, car il nous avait tant vanté les possibilités de sa machine.

Pour info à 13 heures ce 7 juillet 2014 à 2019 m il fait une température de 9°, intéressant.

Une belle descente sur un terrain très pentu avec quelques pièges. Branche de pin qui se coince entre le dérailleur et la célèbre « patte ». Un peu de prudence est nécessaire. De petits nuages montent le long de l’échine en se déchirant ou rendant la visibilité un peu hermétique. Une belle ambiance de haute montagne. Nous croisons quelques belles vaches, un peu surprises par notre arrivée, mais qui, sans trop s’affoler rebaissent la tête, et continuent de brouter de la bonne herbe.

Nous arrivons au Col Regine. L’air étant plus chaud, is retirent les coupe-vent. Le temps se maintient nuageux avec de belles éclaircies ensoleillées, mais les températures restent basses pour la saison.

Tout compte fait, à part quelques poussettes bien marquées avant de passer à Pla Guillem, le parcours concocté par Jaume est assez génial et en plus mon cycliste se comporte plutôt bien.

Nous arrivons sur la citadelle de Prats de Mollo, où « le pirate » Yvan nous trouve l’itinéraire le plus farfelu qui puisse exister : descente pavée, passage par des escaliers, passage par des corridors avec virage avec un angle à 90 ° si on peut appeller cela un virage, enfin nous arrivons au milieu d’un pont qui enjambe le Tech. Grande discussion, comme à l’habitude, pour savoir par où l’on passe pour rejoindre l’hôtel. Demi-tour, on retourne dans la forteresse, nous passons par une rue piétonne et là, ces trois fourbes descendent de leur vélo, et marchent à pieds parce que c’est une rue piétonne, seul Jaume reste sur sa machine et nous sommes fiers comme un « Artaban ». Arrives à l’hôtel Costabonne, Yvan et Jaume envoient leurs cartes postales, coutume déjà utilisée sur la GTMC, (pas les autres, je moucharde) avec des timbres en Francs le buraliste leur a dit que cela marchait encore… Et ça marche ! Les cartes postales arriveront à bon port.

Le soir repas avec une part dantesque de spaghettis, car le nouveau propriétaire de l’hôtel a décidé que nous avons besoin de sucres lent (encore eux) pour la journée du lendemain. Pendant le repas, Gérard bout, donc GéGPS, veut exploser le GPS sur le mur.

- Non, (en choeur) rapporte-le au magasin et essaye de faire un échange.

Enfin il faut dire que toutes les informations de la journée, sont perdues cela à cause des accus qui se sont déchargés un peu vite.

- Cela a du bon la technologie, cela fait causer dans les chaumières sans cela « qu’est-ce qu’on s’emmerderait » pas vrai ?

La nuit va être bonne.

.1 : Expression de cycliste
 
 
 
Gérard

L’an passé une malencontreuse fracture avait mis notre ami Gérard dans l'incapacité d’écrire. Nous avions alors compati.

Cette année, une non moins malencontreuse panne de stylo s'est tragiquement abattue sur lui. Comme nous sommes un groupe au sein duquel la solidarité n’est pas un vain mot, il devenait urgent de secourir notre collègue. J'ai donc résolu de traiter la question avec humour et de parler à sa place, pour chacune des trois étapes du Grand Tour du Canigou, lui évitant ainsi l’angoisse de la page blanche mais, à ses risques et périls… Les propos que je lui prête ici sont en effet imaginaires et comme on le mentionne dans les fictions" Toute ressemblance avec des faits réels ne serait que pure et fortuite coïncidence..."

Dans son autoportrait, Gérard qui avait envisagé de faire l’acquisition d’un GPS, est passé à l'acte… Nous le retrouvons équipé de ce merveilleux outil qui, en principe, relégue au placard les vieilles cartes IGN en papier et la boussole peut ainsi finir ses jours sur la poutre de la cheminée, en souvenir des glorieuses courses d’orientation passées. J'ai bien précisé "en principe".

Une fois son GPS flambant neuf en main, Gérard est devenu un autre homme, on peut même dire que c’est à cet instant que tout a basculé…

La preuve:

Bon voila, il suffit d'appuyer sur "ON"

 

Tiens, c'est bizarre, je pédale depuis 2 heures et il m'indique que je suis encore au point de départ !

 

Ah, zut, ça y est, j'avais pas coché la case enregistrer le parcours !

En plein désert montagneux je suis suivi par des satellites ... La classe!

 

Tiens pourquoi fait-il "bip-bip" ?

"Could you help me please" ? zut c'est un allemand et je ne connais pas cette langue.

 

 "Low battery" clignote, pourtant ça ne fait que 4 heures qu'il est en marche. !

C'est le bouquet, il indique "aucune donnée disponible". la Honte !

Avec le Soleil, j'y vois rien. Il parait que le Garmin a un écran plus lumineux.

Depuis que je suis passé sous le tunnel, il a perdu ma trace. Tans pis, je vais faire un "reboot".

M... le "reboot" m'a tout effacé.

 

Tiens, quoi encore la piste forestière a disparue et maintenant il affiche la météo de Grenoble !

J'y comprends plus rien, ça fait quatre heures qu'on roule et il me dit: vitesse moyenne de 110 km/h, temps de parcours 8 minutes !!!  doit y avoir un problème avec les unités.

Bon, de toute façon j'ai prévu d'acheter un autre GPS dès que je rentre à la maison et plutôt que de m'enquiquiner à essayer faire marcher celui-là, je vais appuyer sur OFF et profiter du paysage.

Et c'est là que nous lui faisons remarquer que nous sommes déjà arrivés et que le "Grand Tour du Canigou" est fini.

MERDE alors !

Et Gérard de s'interroger en silence : "Pourquoi donc depuis trois jours Yvan, Jaume et Philippe m'appellent Gégé-PS ? " je ne leur ai jamais parlé politique que je sache, ils sont devenu con ou quoi ?

Phil.

Philippe

Nous voici à nouveau réunis, Jaume, Gérard, Yvan et moi, la veille du départ de notre randonnée à VTT qui, cette année, nous conduit autour du Massif du Canigou, Olympe du peuple Catalan.

Petit breefing, après un diner de retrouvailles; Jaume nous présente dans le détail le tracé qu’il nous a concocté. Une fois de plus il s’est occupé de tout, choix d’un itinéraire et réservations pour l’hébergement ce qui, de fait, lui confère le statut de « Boss », quoiqu’il s’en défende.

Nous convenons d’une heure de départ au terme d’âpres négociations, conduites torchon à la main, alors que nous essuyions la vaisselle. Initialement Jaume avait évoqué un lever à 5h30, craignant que les chaleurs de la journée n’aient raison de nous, mais la météo du moment nous permet de transiger, d’autant que Gérard milite sans détour pour une heure plus tardive. Deux heures de sommeil supplémentaires ne le dérangeraient pas outre mesure. Finalement la voie médiane, celle de la sagesse, prévaut: nous quitterons Caramany à 7 heures en vue d’atteindre Fillols, notre point de départ, une heure plus tard.

Les courbes de dénivelé consultées, lorsqu’à la fin de l’hiver Jaume m'avait parlé de son projet, suffirent à me convaincre de me remettre en selle de toute urgence pour perdre les kilos superflus qui alourdissaient ma bedaine. En effet, depuis l’automne je ne m’étais pas résigné à bannir de mon quotidien vins et fromages. Pendant les deux mois qui restaient avant d’aborder le Canigou, je me suis donc imposé un entrainement pour retrouver mes jambes et surtout m'alléger d’environ 5 kg.

Bien sûr, comme en 2013, à la veille de la GTMC, je m’interrogeais encore et toujours sur ma capacité à suivre mes collègues… Mes prises de têtes habituelles refaisaient surface et la menace du "yoyo" ne me stimulait guère.

Le fait que Gérard ait prévenu qu’il n'était pas entrainé ne suffisait pas à me rassurer et même si au départ de la première montée sérieuse je le vis pied à terre poussant son vélo, avec à ses côtés un Jaume au sommet de son art, je continuais au fond de moi de penser qu’un Gérard non entrainé, c’était quand même l’équivalent d’un vététiste de mon acabit qui serait au top de sa forme …

La suite nous montra que, tout comme Obélix tombé dès son plus jeune âge dans une marmite de potion magique, Gérard était probablement tombé, lui aussi, dans je ne sais quelle marmite. Car il faut reconnaitre qu’une fois parti, rien ne laisse transparaitre de sa part un quelconque manque de condition, bien au contraire.

Enfin, le principal était ma joie de pouvoir remettre ça avec mes collègues de l'année précédente.

Passer de 700 m à 2300 m d’altitude en une matinée est certes éprouvant mais bien moins que je ne le craignais. Durant l’ascension nous avons croisé en tout et pour tout un 4x4 UMM qui ravitaillait le refuge de Marialles, deux gardiens de troupeaux avec qui nous avons échangé quelques mots, tandis qu’ils achevaient l’aménagent de leur Yourte et un marcheur qui nous signala la présence d’un groupe d’ornithos sur le plateau.

Arrivés vers 12h30 au « Pla Guillem », le vent qui souffle et la température qui n’excède guère 6° ou 7°C nous incitent à ne pas trop trainer dans les parages. Nous croisons encore un vététiste solitaire et apercevons effectivement, en direction du nord, une cohorte d’ornithos, juste avant d’amorcer la traversé du plateau direction sud. 

Empruntant une piste, à peine tracée au sol mais bien balisée par de gros kerns, nous jouons quelques temps avec des flaques partiellement dissimulées sous des herbes basses avant de parvenir sur une zone caillouteuse et pentue, mais abritée du vent. Nous décidons alors de poser pied à terre pour nous restaurer. Le panorama est grandiose et nous prenons notre temps pour récupérer. Un vététiste allemand solitaire s’arrête un instant avant d’amorcer sa descente. Gérard en profite pour lui demander s’il sait comment fonctionne son nouveau GPS. A ce propos, j’avais oublié de préciser que depuis le départ, il tentait désespérément de maîtriser son nouveau joujou qui nous sembla n’avoir d’égal à ses extraordinaires performances que la complexité qu’il y avait à s’en servir. Ce GPS aura marqué nos esprits au point que, dès la première matinée et non sans éclats de rires, nous avions déjà baptisé Gérard « Gégé-PS ».

Le soir on vérifiera que le bilan GPS de notre première étape, s'est traduit par une perte de toutes les données enregistrées; du coup, plus de dénivelé cumulé, plus de temps de pédalage, plus de … enfin plus rien… Comme on disait fréquemment déjà l’an passé sur les pistes de l’Aubrac, nous avions "payé pour en chier", mais au moins la somme de ces petites péripéties contribuait à nous donner le sourire, car chacun qui a un peu vécu ce type d’expérience sait à quel point il est facile de "souffrir" quand parallèlement on se marre sans retenue.

La descente vers Prats de Mollo pourrait être dans sa première portion qualifiée de fastidieuse. Je réserve le terme acrobatique pour plus tard.

Tout en traversant une zone de brumes opaques qui réduit considérablement notre visibilité, nous franchissons une interminable coupe de sapins dont les branches jonchent ce que je n’ose à peine qualifier de sentier, parsemé de cailloux de belle taille sur lesquels les roue avant de nos VTT commencent à buter dangereusement.

Je me demande même si l’un de nous n’a pas fait ce que nous appelons un "Soleil", sans compter un arrêt brutal de Jaume, stoppé net par une branche qui en voulait à son dérailleur et qui bloqua sa roue arrière. Et comme je le collais d’un peu trop près, j'évitais la collision in extremis au prix d’une contorsion dont je fus le premier surpris et que je ne saurais probablement pas reproduire, tant elle ne fut qu’instinctive. Je compris, à son regard, que Jaume n’aimait pas bien qu’on colle de trop près à son postérieur…

Nous sommes déjà en vue de la citadelle fortifiée de Prats de Mollo; j'en déduis, non sans une petite fierté (intérieure), que nous ne sommes pas des "rigolos" lorsqu’il s’agit de tracer à VTT.

Je partage ma chambre avec Gérard, tout comme nous en avions pris l’habitude durant la GTMC.  Après une douche relaxante et quelques minutes de récupération, allongés sur nos lits, nous décidons d’aller faire un tour dans le village. En sortant de notre chambre nous frappons à la porte de nos collègues pour les inviter à nous suivre. Aucune réponse. Nous imaginons qu’ils sont fatigués et qu’ils se reposent. Gérard m’offre un pot en terrasse et nous bavardons en attendant que nos collègues descendent. Tout va bien, on est cool, quand tout à coup arrivent du village Yvan et Jaume arborant des airs complices, comme deux larrons en foire.

A cet instant mon sang ne fait qu’un tour, je lance un "lâcheurs" tonitruant à nos deux compères qui ont déjà fait leurs emplettes tandis que nous les attendions. Le mutisme d’Yvan m’incite à surenchérir en m’adressant cette fois à Jaume. " Bravo, Jaume, c'est du propre ! Après nous avoir bassinés à longueur d'étapes avec ton soi-disant esprit de solidarité du Grupetto, voilà que tu adoptes une attitude inverse. Je n’aurais jamais osé m’enfuir ainsi en catimini sans penser aux collègues. Tu me déçois beaucoup". Et moi d'en rajouter jusqu'à ce que Jaume me lance un de ces regards ténébreux dont il a le secret. Par la suite, il a bien tenté de se défendre mais, sur ce coup, les faits ont eu raison de ses arguments. A deux ou trois reprises encore, comme pour titiller "la bête", on évoquera cet épisode dont je ris encore.

Après un repas où à notre demande le cuistot a ajouté quatre gargantuesques assiettes de pates, nous nous couchons vers 9h30, et je peux garantir que cette première nuit fut très bonne.

Yvan

départ du parking, petits coups de pédale pour rejoindre Vernet les bains, le point le plus bas (650m), ensuite on gravit la cote, les cotes qui s’enchainent avec des petits lacets. Doc nous met en garde contre l’excès de confiance dans les muscles et ne pas trop se sur-passer.

Goudron jusqu’à Mariailles, un GR part sur notre gauche ; on suit les conseils de Doc : ne pas se mettre dans le rouge alors on opte pour la piste qui nous mène jusqu’au refuge de Mariailles, puis la végétation s’arrête pour laisser place à la pelouse alpine, une nappe de brume nous enveloppe. Arrivé au Pla Guilhem, on bifurque à gauche, on amorce la descente. Impératif : freiner, car on prend rapidement de la vitesse, le vélo est très sollicité car le terrain est troué par le temps, les pieds des vaches ou je ne sais quel phénomène d’altitude – le gel ?

Ce n’est qu’en se retournant de temps à autre que l’on perçoit l’importance du dénivelé négatif que l’on vient de parcourir, quel contraste avec les heures de montée et ces quelques coups de pédales pour une descente qui me grise.

Je comprends les aficionados du Down Hill ! Cependant ma suspension arrière semble ne pas avoir apprécié ce brusque excès de descente, de vitesse et de confiance.

On se cale à l’abri pour la pause-repas, nous avons faim, mon vélo à du encaisser trop de choc, ou que sais-je encore. En tous cas l’amorto arrière ne répond plus, à cette altitude ça me préoccupe. Déjeuner sur l’herbe sur les pentes du massif du Canigõ. Un en-cas préparé par notre "Star Pilot" ; un régal (Ben m’enfin quoi un sandwich jambon Serrano beurre à 2000m d’altitude ce n’est pas mon quotidien alors là, je me régale).

D’un coup surgit un vététiste, on se salue, présentations, c’est Martin un allemand, il fait un parcours journalier.

- Mais au fait tu n’as pas une pompe pour les suspensions ?

- Si mais à la maison. Ah, et c’est loin chez toi ?

Super sympa, il réside entre notre lieu de rencontre et notre étape du soir, il est d’accord, on localise son lieu de vacances sur la carte, on prend rendez-vous pour la fin de l’après-midi.

Il m’a bien rassuré le germain

Il file, nous lui emboitons le pas. Pour une descente, c’est une descente, variée et pleine de surprise tant par le terrain que par les mammifères terrestre que l’on rencontre. Attention aux restes de branches qui ponctuent le terrain et qui attendent les rayons d’une roue, la patte d’un dérailleur ou carrément une chaine pour se jeter dans la bataille et anéantir la belle mécanique du Mountain Bike. Parce que pour le coup, la Mountain c’est ici ! Et le Bike j’y suis dessus !

Je surveille toujours mon amortisseur arrière

On retrouve de la piste forestière, large et honnête, on se faufile jusqu’à chez Martin. Un coup d’air et ça repart. Il me dit sans rancune pour le résultat du foot – c’est déjà digéré – je lui souhaite bonne chance pour son équipe qui joue ce soir contre le Brésil.

Derniers coups de pédale, on entre dans Prats de Mollo, un dédale de ruelle et escaliers moyenâgeux, c’est comme sur les vidéos de YOU TUBE, on serpente dans les ruelles étroites, on se jette dans les escaliers assez raides, là aussi je le dis, un vrai régal !

Au final, on trouve l’hôtel, cool. Mise en sécurité des vélos, lavage des Homos sapiens, un Perrier et tout va mieux, ensuite on se promène dans le village, on trouve des cartes postales avec des timbres en francs, des médicaments à la pharmacie pour mes problèmes respiratoires. Un bon repas, une bonne nuit.